TEXTE ECRIT POUR LE CATALOGUE DE VISIONS DU REEL, NYON, AVRIL 2011
Si le cinéma est un outil pour prendre place dans le monde, ou bien pour trouver sa place dans le monde, chez Giovanni Cioni cette activité se traduit dans un mouvement de perte. Perte de soi et perte des repères que les catégories d’habitude hébergent. Où est la fiction ? Et où est la réalité dans ses films ? Qui est-ce qui regarde ? Et qu’est-ce qu’on regarde au vrai ?
Une piste d’autos tamponneuses devient un espace abstrait pour dévoiler l’imaginaire contemporain des adolescents (Lourdes Las Vegas), une maison abandonnée où un faux couple témoigne à la fois de l’exil subi et du dédain envers les nouveaux refugiés (Nous / Autres), un cimetière qui se transforme en une ville ou peut-être l’inverse (In Purgatorio)… Que ce soit à travers des lieux qui se dérobent au regard ou bien des rencontres avec des personnages qui viennent de nulle part, Cioni semble renverser le principe qui veut qu’un documentaire soit toujours ancré dans une réalité.
Ses films proposent des voyages dans des « terrae incognitae », des terres à découvrir alors qu’elles sont placées au cœur même de nos sociétés. Bruxelles, Naples, Lisbonne… chaque ville est la ville où l’on pourrait habiter et où on habite sans pour autant perdre l’attitude de l’étranger
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